15 Novembre 2000
Réveil à 8h00 ce matin, la voiture est chargée de bouffe pour 5 jours, de 30 litres d’eau dans le coffre, et de 36 litres d’essence sur le toit. Par précaution, nous passons à la « Vulcanisation » du coin pour récupérer un pneu d’occasion à 10000 pesos (150 Frf). Nous sommes maintenant prêts pour la Bolivie !
A 9h00 nous sommes au Poste frontière Chilien, des camionneurs attendent comme nous que les douaniers reviennent du petit dej’.
Vers 9h30, un douanier arrive enfin, il vérifie nos papiers, tape avec ses 2 doigts le « Permis de sortie du véhicule » sur une machine des années 50, et nous pouvons enfin partir après un rapide passage à l’immigration.
Nous avalons – comme hier – les 2000 mètres de dénivelé en 45 minutes, et nous voila – à nouveau – au poste frontière Bolivien.
En sortant de la voiture, notre ami chilien (qui travaille pour un tour opérateur à San Pedro) nous accueille comme des stars : « Alors ! vous êtes arrivés à monter jusqu’ici ! ». Deux groupes venus en bus depuis San Pedro s’apprêtent à embarquer dans leurs 4X4 en direction de Laguna Verde et Colorada.
Pendant ce temps nous réglons les formalités de douane auprès de nos amis rencontrés la veille. Le douanier est tellement content (d’avoir reçu 6000 pesos peut-être) et trouve tellement original de traverser la Bolivie en voiture de tourisme, qu’il nous accompagne jusqu’à la voiture pour nous souhaiter « Buena suerte ! ».
20 minutes plus tard on se retrouve à Laguna Blanca : là ou la route se sépare entre la piste 4X4 et la route principale qui mène à Uyuni. En discutant avec le chauffeur d’un « 4X4 rouge » celui-ci nous propose – pour 10 USD – de nous accompagner jusqu’à Uyuni, où il pense arriver demain.
Cela nous permettra de passer par les Lagunas, de ne pas nous perdre et d’avoir de l’aide en cas de besoin. On accepte le Deal ! Adieu la route principale et bonjour l’aventure !
La piste commence par longer « Laguna Blanca » ensuite elle traverse une rivière qui relie « Laguna Blanca » à « Laguna Verde » au pied du Licancabur: le 4X4 rouge passe en 1er et s’enfonce jusqu’en haut des roues !!! Ce qui est loin de nous rassurer !
On décide de prendre plutôt sur la droite un passage avec des pierres. Pendant que l’un de nous pilote, l’autre patauge dans l’eau à 5 degrés pour pousser les cailloux qui gênent; la voiture se pose sur les pierres et une marche arrière nous permet de nous sortir du piège sans pour autant être passés de l’autre côté.
Nous décidons alors de prendre le même passage que le 4X4 … l’eau monte plus haut que les roues mais ca passe. Ouf ! Résultat des courses on pense avoir faussé la transmission qui fait un bruit sourd dès que l’on dépasse 50 km / h … on croise les doigts, plus que 400 km avant le prochain garage !
Il est maintenant midi et on s’arrête vers des sources d’eau chaude pour la pause déjeuner. Il y a là le 4X4 rouge et un autre 4X4 blanc dans lequel voyagent Wolfgang et Marek.
Apres quelques chips et une banane, nous voila repartis au milieu des superbes paysages sud-boliviens : devant nous une vallée montagneuse désertique aux couleurs jaune orangée / rouge vif.
Le 4X4 rouge nous distance d’environ 2 km mais nous arrivons à le suivre grâce au nuage de poussière qu’il soulève de la piste. L’altimètre nous indique progressivement 4200 mètres, 4300, 4400…la piste se démultiplie de + en + : 1 part à droite, 1 à gauche, 1 autre en diagonale, etc…et d’un coup on voit le « nuage de poussière » quitter la piste centrale et partir à droite !
Heureusement qu’on le suit sinon on aurait sans doute pris la mauvaise direction.
Cette piste s’élève dans les montagnes, le nuage de poussière disparaît, l’altimètre indique 4700 mètres ! nous passons le col et devant, au loin, on aperçoit une immense tâche de couleur rouge sang !
C’est la « Laguna Colorada », un lac hors du commun donc les flamants roses prennent la couleur du plancton (rouge).
La piste plonge sur la Laguna Colorada et offre une vue sur plus de 30 kms, nous essayons d’apercevoir le 4X4 rouge ou simplement un nuage de poussière…mais nous ne voyons rien !
A l’approche de la Laguna Colorada la piste se sépare en 2 et un panneau indique : à gauche le refuge pour touristes, et à droite « Alota ». Nous poursuivons à droite jusqu’à la cabane des gardes du Parc National.
La cabane est vide, nous décidons d’attendre là : si le 4X4 rouge veut ses 10 USD il va forcement faire 1/2 tour pour venir nous chercher ou voir si tout va bien … au loin, nous apercevons un nuage de poussière qui vient du lac !? Il s’agit en fait d’une moto…elle arrive vers nous et dépose le gardien du parc. On sympathise avec lui et on se renseigne sur l’état de la route pour aller à Uyuni via Alota. On lui demande aussi de se renseigner par radio pour vérifier si le 4X4 rouge nous attend de l’autre côté du lac : au refuge… 30 minutes plus tard, pas de nouvelles de la radio, il est 4:00 pm et on décide d’aller passer la nuit là-bas : si on part maintenant pour Alota on risque de se perdre et s’il nous arrive quelque chose il n’y aura pas d’aide possible. Le garde – très sympa – nous informe que les tours en 4X4 passent tous les jours vers midi devant son poste, ce qui nous permettra de trouver demain une nouvelle escorte jusqu’à Uyuni.
Nous arrivons au refuge à la tombée de la nuit, la température chute sévèrement. On prépare notre tambouille dans la salle commune pendant que les groupes de touristes friqués nous observent comme des extraterrestres… ils doivent penser que l’on ne parle que Quechua ou Mapuche car aucun d’entre eux nous adresse la parole 🙁 On profite de la soirée pour discuter avec les chauffeurs de 4X4 : « Quelle est la meilleure piste pour aller à Uyuni ? » « Est-ce-qu’on peut se perdre facilement ? » « Combien de temps ? » « … » Encore une fois, les réponses sont très partagées, mais on comprend que la piste de gauche est assez extrême et que la piste de droite (pour Alota) comporte 3 passage de rivières.
Etant donné que la nuit ne porte pas conseil, on décide que l’on ira demain attendre les 4X4 qui passent par Alota. En étant au croisement vers 11h on devrait avoir nos chances.
16 Novembre 2000
Nuit de sommeil agite pour Olivier, mal de tête et nausée dû non au mal de l’altitude mais aux vapeurs d’essence lors du remplissage du réservoir la veille. Nous retrouvons à notre grande surprise une place désertée par les touristes. Se retrouver seuls à la Laguna Colorada relève de l’exploit ! Les rayons du soleil réchauffe l’atmosphère, ce matin il faisait -5/-10 et les bords du lac sont gelés.
Nous partons vers 10h afin d attendre comme prévu des 4X4 partant sur Alota qui doivent passer à l’entrée du parc vers 13h/14h. La 505 n’ira pas bien loin, après avoir tenté un raccourci sur les bords de la laguna, nous la plantons dans le sable ! Ce qui nous vaut 10 km de marche à 4100 m afin de trouver de l’aide auprès des gardes du parc. La chance est avec nous, ils possèdent un « faux 4X4 » mais suffisant pour nous remettre sur la piste, 3 h de perdu et surtout nous laissons passer notre chance de suivre d’autres 4X4 pour nous mener à bon port.
Nous rencontrons à nouveau le garde d’hier et suite à ses explications nous nous risquons sur la piste en direction du nord … les 20 premiers kms se font sur une belle piste plate a 70km/h, le plus dur reste a venir, nous discutons dans un camp avec 2 personnes qui nous expliquent que le passage du cero est difficile. En effet 10 km plus tard nous sommes au pied d’une forteresse ! Philippe fait le chemin à pied devant la voiture pour « nettoyer » une piste rocailleuse. Apres 5 km en première nous sortons enfin de l’enfer, les pneus ont bien tenu le coup.
Nous croisons un peu plus loin un 4X4 d’une agence quelque peu surpris de nous voir sur sa route ! Il nous confirme par la même occasion que nous sommes sur le bon chemin. Les paysages sont toujours aussi magnifiques, nous rentrons dans le premier village depuis notre départ de Sam Pedro.
Villamar est posé au pied de petites falaises … Arrêt sur le stade de foot et première discussion avec les Boliviens, c’est apparemment la première fois qu’ils voient une voiture de tourisme sur cette route ! Ils nous conseillent sur le passage de rivière avant Alota, et nous indiquent un passage à gauche … bref pas très clair tout ça ! Nous repartons plutôt inquiets car sans aide nous risquons une nouvelle fois de poser la voiture dans l’eau.
Après 2 autres frayeurs d’ensablement, un 4X4 nous double, c’est notre chance ! Après une course-poursuite nous le rattrapons à la forêt de pierres. Nous retrouvons un chauffeur de la veille … content de nous voir, il accepte de nous aider à faire passer la voiture.
Nous rencontrons à cette occasion Chantal et Pierre, deux français qui font aussi le tour des Lagunas. Ils nous expliquent qu’ ils nous ont pris pour des contrebandiers qui font passer des voitures du Chili en Bolivie; en apprenant que nous sommes français, là il nous prennent pour des fous ! Enfin après quelques kilomètres, nous atteignons le passage délicat que nous passons finalement sans trop de problèmes grâce à notre guide, en évitant juste un trou et en déplacement quelques pierres. La suite sera plus simple.
Une vraie piste nous amène jusqu’à Alota où nous retrouvons Wolfang qui en nous voyant s’écrie : » Non ! Vous êtes venus en Jeep ou quoi ? » Douche à 5 Boliviano, un bon repas à base de lama, et une bonne nuit de sommeil bien mérité termine la soirée!
17 Novembre 2000
On se lève tôt, il faut aujourd’hui rejoindre Uyuni, la chance est une nouvelle fois au rendez-vous, un habitant d’Alota souhaite se rendre là-bas et nous propose de servir de guide. 100 mètres après notre départ nous sommes arrêtés par les militaires – on les avait oublié, ceux-là-. Un jeune nous demande nos papiers … après une brève discussion et certainement grâce à l’aide de notre passager nous passons le contrôle … Ouf, pas de « pourboire »; et surtout on a pu garder notre permis de circulation chilien.
La piste est plus facile mais toujours aussi fatigante … 40 km avant Uyuni, notre jauge d’essence est sur la réserve et plus une goutte sur le toit … Nous arrivons en ville avec certainement moins d’un litre dans le réservoir ! Nous avons fait une moyenne due à l’altitude de 15/17 litres au 100 km, record battu !
Nous venons de réaliser la traversée du désert le plus haut au monde en 505 sur 500 km de piste … on repense aux douaniers boliviens de la frontière et à son « buena suerte » …
Oui, nous avons eu beaucoup de chance !
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