Grève à la française
23 Octobre 2000
Au programme cette semaine une descente dans le sud en direction d’une petite ville côtière: Constitucion. Remise en état de la voiture est notre mot d’ordre, le père de Carlos doit nous aider dans toutes les vérifications à effectuer avant d’avaler nos 40 000 kms. A notre grande surprise, le mecano voisin de notre maison nous avertit qu’une grève des camionneurs est prévue ce mardi; pas vraiment de chance car la dernière grève de ce genre date de 1971 ! Nous tentons quand même un départ aux aurores.
Au premier barrage en vue à la sortie de Santiago, des pneus brûlent, les drapeaux chiliens flottent sous les premiers rayons du soleil. Nous passons sans peine et en profitons pour faire quelques photos en compagnie d’autres journalistes.
La suite sera plus difficile car au Chili une seule route goudronnée traverse du nord au sud, et ici la grève correspond un blocage total de la route. Obligation de prendre les déviations organisées par l’armée sur des routes tout-terrain.
10 heures et 400 km plus tard, nous arrivons enfin à Constitucion, où un dernier barrage nous attend. Malgré nos discussions compatissantes avec les routiers, impossible de passer … il faudra attendre une voiture de police pour que l’on puisse se faufiler à travers la cinquantaine de camions bloquant l’accès a la ville. Nous prenons conscience de l’ampleur de la grève le soir à la télévision : tout le pays est paralysé !
Nous sommes accueillis par la famille de Carlos qui va nous accompagner pendant les 4 jours qui suivent.
Nous faisons rapidement la connaissance du garagiste de la famille : En arrivant devant chez lui, on voit un tracteur garé dans le hangar et des épaves de 4×4 dans la cour… cela ne ressemble pas vraiment à l’image qu’on se fait d’un garage. Un petit vieux arrive, c’est le patron : « El Maestro », on lui parle de la fuite d’huile et des pièces que l’on souhaite changer, il nous écoute attentivement, jette un coup d’oeil dans le moteur, et décide ensuite de faire une révision complète de la voiture : Changement du filtre é essence, du filtre a air, des bougies, de l’huile de boîte, réglage de l’allumage, réparation de la transmission…
Le lendemain on lui dit que l’on souhaite mettre une plaque en métal sous le moteur : Il prend les mesures et hop il attaque une plaque sur-mesure. Pour récompenser davantage El Maestro et son Mecano, nous leur avons offert 2 kg de viande et 1 bouteille de Pisco (L’alcool local), ce qui est peu comparé à la qualité du travail effectué sur la 505.
Ce qui a rendu très agréable notre séjour à Constitucion, c’est surtout la présence de Carlos et de Maria (Les parents de Carlos à Santiago) et de Juan Pablo (le petit frère). L’accueil qu’ils nous ont réservé est tout a fait exceptionnel ! Lorsque le mardi soir nous arrivons chez eux, on se met à table autour d’un repas avec toutes sortes de plats locaux, Carlos n’oublie pas de nous faire découvrir le Piscola (Pisco + Coca Cola). Vers 2 heures du mat’ on fini le diner par une dégustation d’alcool maison. Ouh la la… cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas mis dans un état pareil !
Le lendemain notre journée est beaucoup plus calme. Le Jeudi soir, des amis de la famille nous joignent pour le dîner, il s’agit d’un couple de professeurs et les échanges d’opinions que nous avons sur nos 2 pays sont très intéressants : On retient que le Chili est en train de perdre de plus en plus son identité. Lorsque Pinochet est arrivé au pouvoir, ce pays latinos a commencé à prendre modèle sur Les Etats-Unis, les universités sont devenues payantes (30 000 FRF par An) et les plus riches ont maintenant un accès privilégié à l’éducation. Ne parlons pas de la Sécurité Sociale (qui n’existe pas) et retenons surtout 1 chiffre : 1 Ouvrier au Chili gagne 1500 FRF / mois.
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