Pendant mes années étudiantes, j’ai testé différentes formes de voyages : à 2, à 3, à 4 et tout seul.
J’ai beaucoup appris sur moi et sur les autres pendant mes voyages à plusieurs, et j’ai aussi compris les avantages et les inconvénients (ou parfois les risques) de voyager à plusieurs ou tout seul.
Voyager avec des amis
Voyager pendant plusieurs semaines, à l’autre bout du monde avec des amis, constitue une sorte d’épreuves de force : c’est en revenant que vous savez si ils sont toujours vos amis, ou pas !
10 ans plus tard, je comprends que voyager avec des amis c’est un peu comme créer une entreprise avec des amis : ce n’est pas toujours une bonne idée, et si on y va quand même, il faut être prêt à faire des compromis qui peuvent parfois être importants.
Sans ces compromis, c’est la relation avec vos amis que vous mettez en danger, et aucun voyage ni aucune entreprise ne méritent de briser une relation avec un ami !
Pourquoi les compromis sont importants ?
J’évite ici la question du voyage en couple (ou avec un couple), qui est complètement différente, et beaucoup plus compliquée à traiter.
A partir de 2, vous formez déjà une sorte de mini-entreprise : vous devez partager une vision commune de votre voyage, vous devez pouvoir communiquer facilement pour anticiper les problèmes, et savoir prendre des décisions qui sont acceptées par l’équipe.
Le problème est que chacun arrive en voyage avec toutes ses habitudes perso et avec tous ses défauts :
– je prends un petit déj tous les matin, sinon je ne décolle pas, et avec du lait s’il vous plaît !
– un copain (dont je garde le nom) avait les pieds qui puent
– un autre était hyper-actif : impossible de rester 5 minutes sans rien faire, à simplement contempler le paysage
– dans une voiture, on a tendance à se comporter comme des gosses : je veux être assis devant
– certains ne mangent pas comme les autres : végétariens ou droguées aux pâtes saucisses
– quelqu’un doit en général décider, ou faire des propositions, mais si c’est toujours le même, ça agace
– si vous aimez les villes, et que les autres préfèrent la campagne, cela sera compliqué
…
Toutes ses habitudes et petits défauts ressortent très vite en voyage, et finissent rapidement par agacer les autres : vous êtes venu chercher la liberté et l’évasion, et vous vous retrouvez rapidement prisonnier des autres, ce qui se transforme généralement en stress assez rapidement.
Voyager à 4
Voyager à 4 ressemble à un super plan : on est 4 copains et on a envie de partager une aventure ensemble.
C’est ce que nous avons fais en 97′ en partant aux USA et Canada : nous avons voyagé ensemble pendant 40 jours en utilisant un Dodge Van pour se déplacer.
Quand on est 4, on peut déjà faire des statistiques : il y a un mec cool, un mec qui a la shcoumoune, un mec qui est stressé, et un qui s’en fout. Mais il faut savoir que chacun peut devenir le cool ou le stressé ou autre pendant le voyage, et cela va avoir plusieurs conséquences sur les autres:
– Celui qui la shcoumoune va devenir le bouc émissaire, celui dont on se moque
– Celui qui est stressé va casser l’ambiance
– Celui qui s’en fout va finir par stresser les autres
…
Et quand tous les 4 sont réunis dans une voiture pendant plus de 8 heures par jour, ça peut parfois exploser !
Les psy disent que les engueulades sont parfois nécessaires pour avancer, l’important c’est de ne pas franchir la ligne. C’est ce qu’il nous est arrivé quand nous sommes parti à 4 : il y a eu quelques tensions et quelques engueulades, mais à chaque fois nous sommes repartis tous ensemble.
Cela a aussi sans doute fonctionné car nous étions aux US, dans un pays très développé. Est-ce que cela aurait fonctionné en Afrique par exemple ?
Voyager à 3
Nous sommes partis la première fois en Asie du Sud-Est à 3 : tout s’est fait en transport en commun (avion, train, bus, bateau).
L’avantage du transport en commun c’est que cela permet de s’isoler un peu du groupe, cela permet de prendre du recul. Mais quand on chaque soir on partage la même chambre, que chaque midi on partage le même resto, cela peut devenir pesant, car on doit subir les habitudes de l’autres.
Dans notre cas, cela a partiellement fonctionné : le groupe de 3 s’est divisé en 2 groupes au bout de quelques semaines, et l’un d’entre nous est parti de son côté.
Au final je pense que le voyage a été une expérience positive pour chacun d’entre-nous, ce changement était justement nécessaire pour nous permettre d’avancer chacun à notre façon.
C’est une des leçons que j’ai retenu : au départ on prévoit un itinéraire, mais le voyage ne ressemble pas forcément à ce que l’on avait prévu, et c’est justement ça qui le rend intéressant.
Voyager à 2
C’est a priori la forme la plus simple : on est 2 copains et on a un projet commun, on connaît les défauts et les qualités de l’autre, donc tout doit rouler.
C’est que ce que l’on a fait avec mon pote Olivier en 2000, en Amérique du Sud : nous avions prévu de partir 1 an à la découverte de ce continent, en achetant notre voiture sur place.
Mais ce que l’on n’a pas pris en compte c’est que l’on n’était pas 2 : on était 4 !!
Nous avions chacun une copine avec qui nous voulions nous engager davantage, et quand cela se passe alors que l’on veut s’inscrire dans un long voyage, cela ne marche pas forcément.
Sa copine nous a d’abord rejoint pendant 1 mois, pour ensuite nous laisser partir à l’aventure. Quand à la mienne je lui parlait à chaque connexion Internet. Tout ceci fait que même si les copines ne sont pas là, l’on se retrouve quand même à 4, comme 2 couples, et que tout devient beaucoup plus difficile à gérer.
Dans notre cas, nous avons décidé de chacun suivre nos routes. Et j’imagine que si nous avions réellement été 2 couples sur un projet de 1 an, la conclusion aurait été la même.
Donc avant de partir pour un long voyage, il faut prendre les situations personnelles de chacun, pour mieux anticiper.
Voyager seul
« Seul » n’est pas exact, car c’est en fait une aventure qui se partage avec des inconnus, et qui permet de mieux se connaître soit même.
Voyager seul aux Philippines en 98′ m’a permis de m’ouvrir davantage aux autres et de faire de multiples connaissances.
Voyager seul m’a aussi permis d’améliorer considérablement mon niveau d’anglais, ce qui n’a pas été le cas aux US en 97′ !
Cela fait partie de ces expériences responsabilisantes et grandissantes : on fait ses propres choix, on assume ses propres erreurs, on décide de parler à qui on veut et d’aller où on veut.
En fonction des rencontres on peut voyager temporairement à 2, 3 ou plus, puis décider – sans conséquence – de continuer la route tout seul.
Le plus difficile, c’est de prendre la décision de voyager seul, car c’est moins rassurant au départ mais une fois qu’on est sur la route cela devient rapidement une habitude.
Recommandations
Si je repartais demain avec des amis ? cela dépendrait d’abord de la durée :
Pour 1 semaine
On peut partir à 10 ou 15, 1 semaine c’est court
Pour 1 mois
Je pourrais partir avec un autre couple ou un autre famille, mais en m’assurant que chacun peut s’isoler : 1 voiture pour chaque famille par exemple et surtout pas un bus commun ou camping car.
Pour 1 an
Pour 1 an, c’est comme pour 1 mois, mais avec encore plus de préparation : comprendre les attentes des autres, ce qui peut les faire arrêter ou changer d’avis en cours de route.
Et aussi en sachant que malgré toute cette préparation, il peut toujours y avoir un imprévu qui fait que le voyage ne se passe pas comme on l’avait imaginé, car c’est aussi ça voyager !